Je ne sais plus si j'en ai parlé dans ces pages, mais le mercredi 3 juin 2009, vernissage de mon exposition au Musée des Beaux-Arts de Gaillac !!!
Cela peut paraître encore loin, mais je suis en plein préparatifs, organisation, construction, création, réflexion, tout cela dans le désordre.
Ce lieu à un charme fou, les salles d'exposition sont en sous-sol, les parois en brique et le plafond voûté.
Une vue du bâtiment
J'y présenterais une série de 16 photos en assez grand format (70x50cm) tirées dans les règles de l'art par un professionnel que j'ai trouvé à Nîmes. Allez, je vais leur faire un peu de publicité, la boite se nomme Argraf. J'ai été enchantée de l'accueil et de la disponibilité du responsable. Pour moi qui débute en la matière (des tirages pro), bénéficier de conseils avisés est irremplaçable.
Elles seront accrochées là, sur 2 fois 2 parois face à face, de deux des salles voûtées
Là, vous pouvez voir les filins, d'une extrême discrétion sur lesquels les photos seront accrochées.
Je prévois également, deux panneaux de 36 photos chacun, en petit format carré (16x16 cm) présentées dans des cadres blanc de 20x20 cm, placés les uns contre les autres de manière à former un grand carré. Ces 2 blocs de cadres seront placés sur deux grands panneaux noirs comme celui là. Un dans chacune des deux salles voûtées.
Sur le dernier grand panneaux noir, je compte exposer une grande photo d'une format de 80x110cm.
Voilà pour les photos.
Je prévois également deux sculptures, l'une dans une vitrine : là
L'autre accrochée comme en apesanteur dans une petite salle blanche ouverte sur trois cotés. Sur la photo, on ne voit pas les autres ouvertures, mais on peut la deviner sur une autre photo un peu plus haut. La sculpture sera comme dans un écrin.
Pour une autre petite salle, je vais créer une installation qu'il est assez difficile de décrire. Cette salle est petite, assez sombre et toute en brique. Je vais accrocher en hauteur à des filins invisibles, de fins rideaux de tulle dans lesquels j'aurais pratiqué des ouvertures où seront cousues des images de ciels imprimés sur transparents. Jouer ainsi sur la légèreté et la transparence, au niveau de la matérialité, ainsi qu'au niveau sémantique avec le voilage et le ciel devrait contraster poétiquement avec ce lieu très clos. Après, il faudra étudier l'éclairage. Mais ça, je verrais sur place avec mon metteur-en-scène formidable, David Marshall que vous devinez sur cette photo.
Une autre installation est prévue dans cette vitrine
Sur les parois verticales, je vais placer des rideaux, de tulle peut être, sur lesquels j'aurais collé des agrandissements d'arbres nus comme celui-ci.
J'ai réalisé une série de photos pour exploiter la morcéllisation du montage. Imprimées chacunes au format A4, je vais les coller en essayant de leur faire épouser les ondulations du tissus.
J'enlèverais les étagères et je joncherais le sol des vitrines d'une tapis de photos de feuilles d'automnes. Jouer ainsi du paradoxe apparent du sens des images (nature) avec le support des photos (supports manufacturés). Encore une fois, le dedans et le dehors...
Pour finir, j'écrirais sur la parois de la vitrine, ce texte qui se lira en transparence :
Le Cycle des Saisons
Las de s’être contractés tout l’hiver les arbres tout à coup se flattent d’être dupes. Ils ne peuvent plus y tenir : ils lâchent leurs paroles, un flot, un vomissement de vert. Ils tâchent d’aboutir à une feuillaison complète de paroles. Tant pis ! Cela s’ordonnera comme cela pourra ! Mais en réalité, cela s’ordonne ! Aucune liberté dans la feuillaison… Ils lancent, du moins le croient-ils, n’importe quelles paroles, lancent des tiges pour y suspendre encore des paroles : nos troncs, pensent-ils, sont là pour tout assumer. Ils s’efforcent à se cacher, à se confondre les uns dans les autres. Ils croient pouvoir dire tout, recouvrir entièrement le monde de paroles variées : ils ne disent que « les arbres ». Incapables même de retenir les oiseaux qui repartent d’eux, alors qu’ils se réjouissent d’avoir produit de si étranges fleurs. Toujours la même feuille, toujours le même mode de dépliement, et la même limite, toujours des feuilles symétriques à elles-mêmes, symétriquement suspendues ! Tente encore une feuille ! La même ! Encore une autre ! La même ! Rien en somme ne saurait les arrêter que soudain cette remarque : « L’on ne sort pas des arbres par des moyens d’arbres. » Une nouvelle lassitude, et un nouveau retournement moral. « Laissons tout ça jaunir, et tomber. Vienne le taciturne état, le dépouillement, l’Automne. »
Francis Ponge, Le parti pris des choses.
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Si cela fonctionne comme prévu, le mot Automne devrait être juste à la hauteur des feuilles du bas.
Puis vient la dernière installation intérieure, celle qui me demande le plus de travail.
Tout au fond, il existe une salle que j'ai surnommée la salle blanche à laquelle je trouve moins de charme et de caractère.
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Je vais la plonger dans le noir, y placer les canapés et fauteuils que vous voyez à droite et à gauche, formant un arc de cercle face à un mur où je projetterais une vidéo que je suis en train de réaliser.
Ce n'est pas une mince affaire pour moi qui en suis encore à mes débuts dans ce médium. Entre les canapés et le mur de projection, je joncherais le sol de paille. La bande son sera composée de bruits naturels qui, associés à l'odeur de la paille devraient créer une atmosphère que je vous laisse imaginer. Le visuel, sera la répétition d'une seule et même photo de paysage gaillacois, travaillée sur photoshooooop (n'ont pas besoin de pub, eux) qui déclinera une multitude de transformations jouant en priorité sur la couleur. Je voudrais réussir à créer une narration, partant de l'image d'origine et terminant en apothéose sur un monochrome de couleur vive, avec comme un flue mouvementé de vague colorées.
Immerger le spectateur dans un champ coloré parfaitement artificiel, en opposition avec l'ambiance naturelle du son et de l'odeur, devrait créer une expérience sensorielle intéressante, vous ne croyez pas?
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Je termine la description de cette expo par le début. En effet, la première installation que découvrira le public sera à l'extérieur.
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Imaginez les arbres en juin, avec toutes leurs frondaisons d'un vert très lumineux. Je vais entourer chaque tronc de cette allée, d'un fil rouge qu'utilisent les vignerons pour attacher les vignes. Les fils sont vendus au kilos, sans soucis aucun de la couleur, mais j'ai de la chance parce que j'ai réussi à en trouver, suffisamment j'espère, d'une belle couleur rouge.
Le rouge est important puisqu'il est la complémentaire du vert. Cet élément, très artificiel, devrait mettre en valeur la subtile originalité de la forme de chaque tronc. Ainsi, j'aimerais souligner, dans cet alignement d'arbres parfaitement artificiel, l'indépendance que garde, quoi qu'il arrive, les formes organiques de la nature. Et ça risque de transformer la perception du lieu.
ça devrait donner quelque chose comme ça :
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Le responsable du service patrimoine qui m'a commandé cette expo, a déjà réservé la nacelle pour monter si haut dans les arbres. A quatre, nous devrions ne pas mettre plus de deux jours pour réaliser l'installation.
Je suis donc actuellement en plein travail, et je ne vous étonnerais pas si je vous avoue que j'adore ça !!!